Charles Baudelaire 

  Auprès de Rimbaud, Baudelaire est mon écrivain préféré. C'est mon
premier poète d'où j'ai fait des traductions, il m'a appris la langue
française. Chacun de nous peut etre un albatros, peut souffrir comme
lui. Je veux, un jour, voler comme un albatros, quitter ma peau de
misère, retrouver la lumière, vaincre le temps, nager dans la mer
étoilée. Pour les albatros, le terre est l'enfer, pour eux le ciel est
le Paradis. C'est le vol de Saint-Exupéry, c'est l'espoir d'une vie
meilleure sur la terre, ils apporte pour moi la paix comme désirent
tous les écrivains qui vivent dans la guerre, comme Malraux. Les
Paradis artificiels doivent etre un jour paradis réels, vivants sur la
terre, une liaison entre la terre et le ciel comme font l'horizon et
l'arc-en-ciel.

                                    

    Baudelaire est né à Paris en 1821. Sa mère, devenue veuve, se remarie avec le général Aupick, que le petit Charles, âgé de sept ans, déteste. Il cherche dans les ‘paradis artificiels’(l’alcool, la vie déréglé) la façon de surmonter son angoisse existentielle. Son dandysme et ses extravagances s’allient à des sentiments angoissants de culpabilité et d’élan vers la grandeur. Sa vie est une alternance continue de désordre et d’aspirations idéales.

  Devant les toiles du peintre romantique, Baudelaire a senti l’harmonie des couleurs incadescentes. Pareil au compositeur allemand, il veut toucher l’âme universelle de l’homme et capter tout son être, en s’élévant aux plus pures régions de la Béauté. Traducteur de Alan Poe, le poète découvre en celui-ci un génie fraternel, tout aussi assoiffé de Béauté et conscient du rôle des correspondances, dans le renouvellement du langage poétique. Baudelaire est d’avis que les arts doivent s’unir, pour rendre possible cette émotion sublime de l’âme, face à la révélation de l’harmonie divine.

   Les principaux ouvrages sont : les Salons, Les Fleurs du mal, Les Paradis artificiels, Petits poèmes en prose, Curiosités esthétiques. Son chefs-d’œuvre est Les Fleurs du mal (1857), où le poète cherche désespérement une solution à son drame intérieur. Son tempérament excessif, sa bipolarité fondamentale, - la tentation d’élévation et de chute, son oscillation entre le Spleen et l’ Idéal, le rêve d’évasion et d’immobilité, l’amour satanique et mistique -, tout cela constitue la source de son œuvre. Les poèmes des Fleurs du mal sont groupés en six parties : I Spleen et Idéal ; II Tableaux parisiens ; III Le vin ; IV Fleurs du mal ; V Révolté ; VI La Mort . Il met en scène deux inspiratrices, la Venus noire (Jeanne Duval) et la Venus blanche blanche (Mm Sabatier). On va analyser deux poésies de son œuvre qui caractérisent la vie du poète. À l’aide d’une métaphore le poète est un albatros. Il y a un seul albatros, donc un seul génie parmi les poètes. La vie d’un génie est prise en dérisoire comme dit le poète : ‘Souvent, pour s’amouser, les hommes d’équipages/ Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers/ Qui suivent, indolents compagnons de voyages./ Le navire glissant sur les gouffres amers/’. Dans cette poésie on donne la définition du Poète dans le vrai sens du mot : ‘ Le Poète est semblable au prince des nuées/ Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;/ Exilé sur le sol au milieu des huées,/ Ses ailes de géant l’empèchent de marcher/.’Pendant la vie le génie est ‘gauche’ et ‘veule’, ‘comique’ et ‘laid’. Son destin est semblable comme celui de Jesus Christ : ‘L’un agace son bec avec un brûle-gueule. / L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !/’ Sa vie peut être caractérisée par le vers de la poésie ‘L’ennemi’ : ‘Ma jeunesse  nu fut qu’un ténébreux orage’ – donc toute sa vie il a été malade, souffrant. L’ennemi est le temps qui s’en fuit et qui ne laisse pas terminer son œuvre. Le poète dit : ‘Voilà que j’ai touché l’automne des idées’, donc il a réussi d’arriver à la maturité avec son œuvre. La personnification : ‘Le Temps mange la vie’- signifie la fuite irréversible du temps qui fait vieillir le poète. Dans le Salon de 1846 il donne la définition du romantisme’. ‘Pour moi, le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau.’ … ‘ Qui dit romantisme dit art moderne – c’est-à-dire intimité, spiritualité, couleur, aspiration vers l’infini, exprimées par tous les moyens qui contiennent les arts.’ ‘Le romantisme et la couleur me conduisent droit à Eugène Delacroix.’

    Romantique par cœur, classique par la lucidité et par l’esprit  critique, parnassien par le culte de la beauté formelle, précurseur du symbolisme et du surréalisme, il est considéré par Paul Valéry ‘le plus grand des poètes français’. ‘Baudelaire, - affirmait Arthur Rimbaud -, est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu.’

   Les épithètes et les métaphores prédominent dans toutes les poésies. Son langage a des nuances, suggestions, accords, musicalité.

   Il a des influences de Victor Hugo, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, Edgar Poe. Il a influencé Stéphane Mallarmé, Verlaine, Rimbaud.

   Il fait partie des poètes ‘maudits’. Il est un savant chimiste, il est un trop chrétien comme disait un critique. 
 

Citations :       Fleurs du mal 

                           L’ Idéal 

Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,

Produits avariés, nés d’un siècle vaurien,

Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,

Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien. 

Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,

Son troupeau gazouillant de beautés d’hôpital,

Car  je ne puis trouver parmi ces pâles roses

Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.

Ce qu’il faut à ce cœur profond comme un abîme,

C’est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime,

Rêve d’Eschyle éclos au climat des autans ; 

Ou bien toi, grande Nuit, fille de Michel-Ange,

Qui tord paisiblement dans une pose étrange

Tes appas façonnés aux bouches des Titans ! 
 

                   Parfum exotique 

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne,

Je respire l’odeur de ton sein chaleureux,

Je vois se dérouler des rivages heureux

Qu’éblouissent les feux d’un soleil monotone ; 

Une île paresseuse où la nature donne

Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;

Des hommes dont le corps est mince et vigoureux ;

Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne. 

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,

Je vois un port rempli de voiles et de mâts

Encor tout fatigués par la vague marine, 

Pendant que le parfum des verts tamariniers,

Qui circule dans l’air et m’enfle la narine,

Se mêle dans mon âme au chant des mariniers. 
 
 

                       Le posédé 

Le soleil s’est couvert d’un crêpe. Comme lui,

O Lune de ma vie ! emmitoufle-toi d’ombre ;

Dors ou fume à ton gré ; sois muette, sois sombre,

Et plonge tout entière au gouffre de l’Ennui ; 

Je t’aime ainsi ! Pourtant, si tu veux aujourd’hui,

Comme un astre éclipsé qui sort de la pénombre,

Te pavaner aux lieux que le Folie encombre,

C’est bien ! Charmant poignard, jaillis de ton étui ! 

Allume ta prunelle à la flamme des lustres !

Allume le désir dans les regards des rustres !

Tout de moi m’est plaisir, morbide ou pétulant ; 

Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore ;

Il  n’est pas une fibre en tout mon corp tremblant

Qui ne crie : O mon cher Belzébuth, je t’adore ! 
 

                      Le Portrait

La Maladie et la Mort font des cendres

De tout le feu qui pour nous flamboya.

De ces grands yeux si fervents et si tendres,

De cette bouche où mon cœur se noya, 

De ces baisers puissants comme un dictame,

De ces transports plus vifs que des rayons,

Que reste-t-il? C’est affreux, ô mon âme !

Rien qu’un dessin fort pâle, aux trois crayons, 

Qui, comme moi, meurt dans la solitude,

Et que le Temps, injurieux vieillard,

Chaque jour frotte avec son aile rude… 

Noir assassin de la Vie et de l’Art,

Tu ne tueras jamais dans ma mémoire

Celle qui fut mon plaisir et ma gloire ! 
 
 

                               Le fou et la Venus 

   Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l’œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l’Amour.

   L’extase universelle des choses ne s’exprime par aucun bruit ; les eaux elles-même sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c’est

ici une orgie silencieuse.

   On dirait qu’une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l’azur du ciel par l’energie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l’astre comme des fumées.

   Cependant, dans cette jouissance universelle, j’ai aperçu un être affligé.

   Aux pieds d’une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l’Ennui les obsède, affublé d’un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l’immortelle Déesse.

   Et ses yeux disent : -‘Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma maîtresse et de mon délire !’

   Mais l’implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre. 
 

Sources : 

1)Baudelaire, Charles ; Les Fleurs du mal ; Ed. Pocket ; 1989 ;pages :44, 45;48,49;61;63,64;

2)Baudelaire, Charles ; Le Spleen de Paris ; La Spiga languages ;Paris ; pages 9, 10 ;

3)Bénouville, Guillain ; Baudelaire le trop chrétien ; Ed. Bernard Grasset ; Paris ; 1936, couverture ;

4)Cerf, Juliette ; Béguin, Olivier ; Fenêtres sur la littérature française et francophone ; Modern Languages ; Milan, Italie ; 2004 ; pages 197, 198 ;

5)Ma contribution ;

6)Repeţeanu, Liana-Rodica; La littérature française du XIXe siècle par les textes ; Ed. Fundaţiei România de Mâine,Bucureşti, 2004, pagina 145;

7)Le Petit Robert des noms propres ; Paris ; 2002 ; pages 205, 206 ;

8)Sabbah, Hélène ; Littérature textes et méthode ; Hatier ; Paris ; 1993 ; pages ; 277, 278 ;

9)Wikipédia. 

 

                                                     -- Material trimis de Roxana Sarbu

 

 

 

 

 

Gustave Flaubert

 

         J'ai fait, comme dit un écrivain français dans le titre de
son roman, la choix d'un élu. Que ma joie demeure auprès des
confessions de chaque auteur qui apportent leurs douleurs, leurs
sacrifices, qui mènent notre voie vers le Bien.

 


 

    Il est né à Rouen en 1821. Le lieu de naissance est chef-lieu de la Région Haute-Normandie et du département de la Seine-Maritime, sur la Seine, à 123 km de Paris. Il a vécu 59 années. Son père était médecin-chef(il y a acquit peut-etre ‘ce coup d’œil médical de la vie qu’il préconisera plus tard’) il partagea l’exaltation romantique de sa génération et se passionna très tôt pour la littérature. Il fait des études de droit à Paris où il rencontra Victor Hugo.

   Son œuvre, qui s’imposa par un succès de scandal(Madame Bovary, 1857), compose une tentative pour dominer à la fois la bêtise d’une époque bourgeoise qu’il exécra et la tentation romantique qui ne cessa de l’obseder : Salambô, L’Éducation sentimentale, la Tentation de saint Antoine, Trois Contes, Bouvard et Pécuchet.

   Emma Bovary, fille de paysans, dont l’éducation au couvent a exacerbé les aspirations romanesques, connaît l’ennui auprès d’un époux médiocre et bon, et parmi les bourgeois de province qui compose sa société. Le tableau est celui des mœurs de province. Emma Bovary se suicide. De ce roman résulte le terme bovarisme : comportement qui consiste à fuir dans le rêve l’insatisfaction éprouvée dans la vie.

   C’est Flaubert qui, par exemple et la doctrine a engagé le roman dans la voie de l’observation méthodique et objective – le réalisme. Il est romantique par les élans et les rêves de ses personnages, réaliste par son observation rigoureuse.

   Selon Flaubert, ‘le style est à celui seul une manière de voir les choses.’ Concision, sobriété des termes, richesses des images, mélodie, poésie de réalité médiocre, rendue par le régistre métaphorique, tout cela fait du style de Flaubert l’un des parfaits de la prose française : ‘le style artiste’. La phrase est comme une sculpture en marbre blanche. Les influences de style sont des classiques : Montaigne, La Bruyère, Montesquieu, Voltaire, Chateaubriand. D’après Maupassant la forme est la plus haute qualité, la forme est l’œuvre elle-même.

   Il a des influences de Victor Hugo et il a influencé Guy de Maupassant.

   ‘La politique m’assome’, confesse-t-il dans l’œuvre de Madame Bovary. Comme artiste et homme Flaubert refusait toute forme d’engagement politique, de plus conviction politique. Il se distingue du ‘romantisme social’ et du réalisme de Sue, Champfleury, Courbet ou, plut tard Zola et même Stendhal et Balzac. Il évade de son époque avec l’écriture de Salambô, Hérodias et la Tentation de Saint Antoine comme font les romantiques Chateaubriand, Nerval, Delacroix. Il a dit : ‘Emma Bovary c’est moi’, donc l’auteur est le critique de soi-même. 
 

Citation  de Madame Bovary : 

    Elle songeait quelquefois que s’était là pourtant les plus beau jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresse ! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochette des chèvres et le bruit sourd de la cascade. Quand le soleil se couche, on respire au bord des golfes le parfum des citronniers ; puis, le soir, sur la terrasse des villas, seuls et les doigts confondus, on regarde les étoiles en faisant des projets. Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol, et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s’accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d’un habit de velours noir à longues basques et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes!

    Peut-être aurait-elle souhaiter faire à quelqu’un la confidence de toutes ces choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d’aspect comme les nuées, qui tourbillonne comme le vent? Les mots lui manquaient, donc, l’occasion, la hardiesse.

   Si Charles l’avait voulu cependant, s’il s’en fut douté, si son regard, une seule fois, fût venu à la rencontre de sa pensée, il lui semblait qu’une abondance subite se serait détachée de son cœur, comme tombe la récolte d’un espalier, quand on y porte la main. Mais à mesure que se serrait davantage l’intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait qui la déliait de lui.

    La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue et les idées de tout le monde y défilaient, dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de reverie. Il n’avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu’il habitait Rouen, d’aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer du pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d’aquitation qu’elle avait rencontré dans un roman.

   Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinement de la vie, à tous les mystères? Mais il n’enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse ; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu’elle lui donnait.

                                                           (Première partie, chap.VII) 
 

Sources : 

1)Cerf, Juliette, Béguin, Olivier ; Fenêtres sur la littérature française et francophone ; Ed. Modern Languages, Milan ; Italie, 2004 ;

2)Heitman Klaus ; Realismul francez de la Stendhal la Flaubert; Ed. Univers, Bucureşti; 1983;

3)Lagarde, André, Michard, Laurent ; XIXe siècle ; Ed. Bordas ; 1969 ;

4)Le Petit Larousse, Paris 2002 ;

5Repeţeanu, Liana-Rodica; La littérature française du XIXe siècle par les textes; Ed. Fundaţiei România de Mâine; Bucereşti, 2004 ;

6)Le Petit Robert des Noms Propres, Paris, 2002 ;

                                                                   

                                                                             -- Material trimis de Roaxna Sarbu

 

 

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