Résumé
Le nom de G. de Clérambault sert actuellement à désigner deux
syndromes psychiatriques : en France et en Russie, l'automatisme
mental (AM) ; dans le monde anglo-saxon, l'érotomanie.
L'AM est devenu le « syndrome de Clérambault » au congrès des aliénistes de 1927
(Hesnard). La dénomination est reprise par Minkowski (1933). Le grand
AM recoupe les « symptômes de premier rang » de la schizophrénie de
Schneider (1939). Les éléments du petit AM sont proches des troubles
du cours de la pensée de Bleuler (De Morsier, 1929 ; Heuyer, 1950) et
préfigurent la distinction entre symptômes positifs et négatifs de la
schizophrénie (Berrios). Les divergences avec l'école de Claude (Ey,
1934 et 1948) portent plus sur la pathogénie des hallucinations et
leur place par rapport au délire que sur l'organicité du syndrome.
L'érotomanie « pure » est discutée par Capgras (1923), puis par
l'école de Claude (Lacan, 1932 ; Ferdière, 1937). Elle est dénommée «
syndrome de Clérambault » bien plus tard aux États-Unis (Arieti, 1959
; Lehman, 1967). Une importante comorbidité avec d'autres pathologies
mentales y est toutefois relevée. À partir du DSM-III-R (1987), est
isolé un « type érotomaniaque » du trouble délirant. Après leur
brouille de 1931, Lacan opère un « retour à Clérambault », jusqu'à le
présenter en 1966 comme son « seul maître en psychiatrie ». De
nombreuses personnalités de la psychiatrie française (Guiraud, Heuyer,
Daumézon, Baruk, Sivadon) saluent alors son rôle de précurseur. À la
fin du xxe siècle, un ouvrage biographique et un film romancé lui sont
exclusivement consacrés.
No comments:
Post a Comment