Jacques Prévert (1900-1977)
Il est né à Neuilly-sur-Seine
en 1900 dans une famille modeste. Il interromp ses études à l’âge de quinze ans
pour gagner sa vie avant de devenir, au cours des années vingt, l’un des
compagnons de route du Surréalisme. Il fréquente le peintre surréaliste Tanguy,
Raymond Queneau, Marcel Duhamel. Vers 1930, il se tourne vers le téâtre et le
cinéma. Il doit sa célébrité au cinéma, pour lequel il a écrit des scénarios, et
à la chanson, pour laquelle il a écrit des textes mis en musique par Joseph
Kosma.
Prévert est plein de joie de
vivre. La spontanéité est sa vertu première. Les thèmes principaux de son œuvre
sont l’enfance, la jeunesse, la liberté, la nature, les fleurs, les oiseaux et
les petits faits quotidiens. Il aime les jeux de langage et mêle la poésie à
l’humour, le lyrisme à l’ironie, en utilisant le vers libre. Son style est presque
parlé : son retour aux sources du langage populaire représente un
renouvellement de la poésie.
En 1946, il publie
Paroles, son premier recueil de poèmes, qui obtient un succès
immédiat et fait de lui un artiste populaire. Installé à Saint-Paul-de-Vence de
1948 à 1955, puis de nouveau à Paris, il publie d’autres recueils :
Spectacle (1951), La Pluie et le Beau Temps (1955),
Fatras (1966). Il meurt en 1977 dans une maison du cap de la Hague
en Normandie.
Si avec Rimbaud et Baudelaire on fait la
naissance de la poésie moderne, avec Apollinaire et Prévert on fait la
renaissance de la poésie. La pluie se retrouve aussi dans la poésie de Verlaine
et de Prévert. Les premiers poètes Rimbaud et Baudelaire sont plus profonds
tandis que les derniers ont une écriture légère. Ceux qui ont fait la
renaissance de la poésie moderne aiment à nous introduire dans les lieux de la
France, à quitter le monde ancienne grecque et romaine et à voir le monde
nouveau. Les poètes contemporains aiment à écrire en vers libre tandis que les
poètes modernes écrivaient en vers avec rime et rhytme. C’est une description de
la vie mondaine, ils entre dans la réalité, les poètes modernes restaient
isolés, ils étaient parnassiens, ils étaient des poètes maudits, les poètes
actuels sont ouverts au monde, ils vivent librèment parmi les gens comme eux.
Même le style est très différent : les anciens utilisaient des méthaphores,
des personifications, des épithètes, faisaient preuve d’une certaine culture
soit linguistique, soit littéraire, soit artistique, les modernes traitent les
choses plus simplément : l’écriture est le miroir de ses relations avec les
peintres et la société proprément dite de son temps ; ils écrivent
simplement comme dans le langage parlé. C’est le temps qui change le moyen
d’écrire. Notre devoir c’est de les lire et de les analyser, pour nous faire une
idée de leurs mœurs comme chez les romanciers. Les poètes et les écrivains nous
ouvrent les portes de la culture et de la vie à la
française.
Poésies :
Paroles - 1946
Barbara
De
nombreux poèmes de Paroles ont été écrits au cours de la Seconde Guerre
mondiale. Dans le texte qui suit, Prévert évoque, avec émotion et réalisme, le
souvenir d’une femme heureuse entrevue à Brest avant les
bombardements.
Rappelle-toi
Barbara
Il
pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu
marchais souriante
Epanouie
ravie ruisselante
Sous
la pluie
Rappelle-toi
Barbara
Il
pleuvait sans cesse sur Brest
Et je
t’ai croisée rue de Siam
Tu
souriais
Et
moi je souriais de même
Rappelle-toi
Barbara
Toi
que je ne connaissais
Toi
qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi
quand même ce jour-là
N’oublie
pas
Un
homme sous un porche s’abritait
Et il
a crié ton nom
Barbara
Et tu
as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante
ravie épanouie
Et tu
t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi
cela Barbara
Et ne
m’en veux pas si je te tutoie
Je
dis tu à tous ceux que j’aime
Même
si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je
dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même
si je ne les connais pas
Rappelle-toi
Barbara
N’oublie
pas
Cette
pluie sage et heureuse
Sur
ton visage heureux
Sur
cette ville heureuse
Cette
pluie sur la mer
Sur
l’arsenal
Sur
le bateau d’Ouessant
Oh
Barbara
Quelle
connerie la guerre
Qu’es-tu
devenue maintenant
Sous
cette pluie de fer
De
feu d’acier de sang
Et
celui qui te serrait dans tes bras
Amoureusement
Est-il
mort disparu ou bien encore vivant
Oh
Barbara
Il
pleut sans cesse sur Brest
Comme
il pleuvait avant
Mais
ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est
une pluie de deuil terrible et désolée
Ce
n’est même plus l’orage
De
fer d’acier de sang
Tout
simplement des nuages
Qui
crèvent comme des chiens
Des
chiens qui disparaissent
Au
fil de l’eau sur Brest
Et
vont pourrir au loin
Au
loin très loin de Brest
Dont
il ne reste rien.
***
Sang et
plumes
Alouette
du souvenir
c’est
ton sang qui coule
et
non pas le mien
Alouette
du souvenir
j’ai
serré mon poing
Alouette
du souvenir
oiseau
mort joli
Tu
n’aurais pas dû venir
manger
dans ma main
les
graines de l’oubli.
Sources :
1)Cerf,
Juliette ; Béguin, Olivier ; Fenêtre sur la littérature
française et francophone ; Modern Languages ;
Milan, Italie ; 2004 ; page 281 ;
2)Ma
contribution ;
3)Sabbah,
Hélène ; Littérature textes et méthode ; Ed.
Hatier ; Paris ; 1993 ; 373, 374 ;
Jean Anouilh ( 1910-1987
)
Il est un dramaturge français du
XXe siècle. La vie de Jean Anouilh, né à Bordeaux en 1910, est celle d’un homme
qui s’est entièrement consacré au théâtre.
Il découvre sa vocation, à dix-huit
ans, en assistant à la représentation d’une pièce de Giraudoux. Il abandonne
alors ses études, devient pour un temps le secrétaire de l’acteur Louis Jouvet
et rédige ses premières pièces. Après la publication de L’ Hermine
en 1932, il épouse une jeune actrice et tente de vivre de sa plume. Quelques
années plus tard, Le Voyageur sans bagages (1937),
Le Bal des voleur (1938) puis Antigone (1944) le
révèlent au grand public. Cette réussite au téâtre
dissimule cependant une amertume personnelle que les événements politiques
internationaux (notamment la guerre de 1939-1945)
et des difficultés conjugales viennent accroître.
Il
meurt à Paris en 1987, laissant derrière lui une œuvre théâtrale
d’une grande diversité.
Anouilh divise ses œuvres en
« pièces roses », « pièces noires »,
« grimaçantes », « brillantes », « costumées ».
Malgré cette division, elles expriment toutes son profond pessimisme. Les thèmes
principaux de ses œuvres sont l’impossible pureté, le poids du passé, l’échec du
couple, la corruption et l’humiliation. Ironique, sarcastique, parfois même
caustique, il sait utiliser avec beaucoup d’habilité, le langage dramatique et
tous ses registres, en passant de la fantaisie au tragique, de la vulgarité à
l’élégance. Il
s’est basé sur le théâtre
français classique, sur le théâtre
traditionnel, mais il donne à la fin un ton optimiste. Un personnage, ou un
homme qui vit comme un héros qui a des idéaux hautes sont comparables à des oiseaux
rares. Les héros montent à tous qu’ils ont quelque chose à dire, et quand ils
parlent, qu’ils ont un discours rafiné. Ils luttent toute la vie sur cette terre
de maintenir la pureté et l’autenticité contre ceux qui sont contre la condition
humaine. Chacun de nous peut se confondre avec les héros des pièces de
théâtre,
parce que chacun de nous a une enfance caché même si l’on est adulte et qui
représente non seulement l’aspiration vers l’absolu, mais notre première monde
qui pour chacun de nous a été déraciné, et je pense au ciel qui est toujours
bleu et qui attend de nous de laisser voler les colombes et les alouettes. Que
seraient les arbres verts sans les chants des oiseaux, c’est comme un hiver sans
fin, c’est comme nous vivons dans une Sibérie sans fin. Pour les philosophes on
peut croire que c’est un printemps sans fin où un automne sans fin, ou que le
ciel apporte la même saison. On oublie le temps, on entre dans le
néant comme Sartre, ou on s’exile en trouvant dans l’écriture un
sens de la vie, de l’existence humaine, si s’est la liberté de nous. Chacun de
nous porte un oiseau dans le cœur, parce qu’on lutte pour être humain, en
chantant ou en écrivain, ou en lisant un livre ou en dansant, quelque chose qui
nous font libre, en faisant notre souffle vibrant avec l’univers, en identifiant
notre pensée avec les chansons du ciel, ou avec une prière chère à nous ;
dans adversité on trouve le plus haut vol de l’alouette ou celle de colombe, en
quittant la peau de misère. Naviguant la mer céleste on retrouve un autre monde,
les héros comme Jeanne d’Arc n’ont pas peur du vol du nuit ;
Jésus Christ a parlé avec le cœur toute sa vie quand il a vécu sur la terre et
il a été le seul qui a volé vers les Cieux, chez Son Père. Pour les héros il
n’existe pas la peur, il affronte tout le mal pour découvrir soi-même
en paix, en Paradis. Le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas
disait Pascal. Quand on parle sur la scène de théâtre
qui est la vie on parle comme une Rose avec le Petit Prince, les
prophètes ont donné un autre sens à la civilisation.
Citations :
Colombe
Julien
L’
Impératrice de Cœurs …
Elle doit jouer une amoureuse. Ce sera dur.
Colombe
Pourquoi?
Julien
Les
seules fois où j’ai pu parler à ma mère, c’est quand elle jouait une mère, le
soir. On a beau dire, c’est tout de même quelque chose le théâtre !
Colombe
Tu
exagère toujours.
Julien continue.
Je ne
t’ai pas tout raconté. A quatre ans, j’étais en pension chez un horrible
marchand de soupe à vingt kilomètres de Paris ; cela faisait six mois
qu’elle n’était pas venue me voir,
ma chère « môman » ! comme dit mon frère. Je crevais de froid et
de faim, Poète-Chéri
lui apporte La Grande Coupable, cinq actes, en vers, bien entendu, où
elle abandonnait son bébé sur les marches d’une église. Au cinquième acte,
quarante-quatre
alexandrins sur son remords.
…
Julien
Colombe,
mon chéri, je n’ai que toi au monde. Tu sais que je vais crever de te quitter,
mais tu sais aussi que tu ne pourrais plus m’aimer si je faisais quelque chose
de laid pour te garder.
Colombe
Quelle
idée, mon chéri? Je pourrais très bien t’aimer quand même,
moi…
Julien
Pas
moi. Et je tiens à pouvoir me regarder dans ma glace le matin en me rasant.
Sources :
1)Anouilh,
Jean ; Colombe ; Paris ; 1963 ; pages 13,
14,18, 19 ;
2)Cerf,
Juliette ; Béguin, Olivier ; Fenêtre sur la littérature
française et francophone ; Modern Languages ;
Milan, Italie ; 2004 ; page 288 ;
3)Ma
contribution ;
4)Sabbah, Hélène ; Littérature textes et méthode ; Ed. Hatier ; Paris ; 1993 ; page 382 ;
-- Material trimis de Roxana Sarbu
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